Le troisième homme avec qui j’ai eu plusieurs dialogues érotiques s’appelait Alain. Il avait 40 ans, vivait dans une grande ville proche de la mienne. Il écrivait sous le pseudonyme de « Gilles ». C’est le seul, à cette époque, avec qui j’ai parlé d’autre chose que de sexe. Les deux autres ne souhaitaient pas discuter, tout comme moi. Je laissais Alain me parler. Il disait avoir une agence commerciale dans laquelle il travaillait seul. Il disait être marié, ne plus aimer sa femme, ne plus lui faire l’amour. Je l’écoutais. Il disait avoir eu une maîtresse de vingt-cinq ans sa cadette. Sa façon de parler était très courtoise, très empruntée, très raffinée. Il ne s’était jamais caressé au téléphone. C’est moi qui lui ai demandé de le faire et lui ai appris. Ma voix le faisait bander immédiatement. J’avais vraiment l’impression de faire l’amour avec lui, il n’y avait rien de bestial, l’excitation était très érotique. J’adorais entendre sa voix qui était de plus en plus excitée, son timbre qui changeait, son souffle qui s’accélérait. Je sentais exactement le moment où il allait laisser aller son foutre. Il était très gêné après, me disait que son bureau était maculé de sperme, sa voix devenait basse, timide, mais toujours douce, et très tendre. Il aimait imaginer notre première rencontre et me la raconter. Il me proposait de nous retrouver dans l’obscurité de son bureau, simplement pour n’entendre que nos voix et découvrir par le toucher ce qui le faisait tant brûler de désir, aimait-il à me répéter. Il ne pouvait s’empêcher de parler d’amour, me disait qu’il était amoureux de moi, qu’il aimerait avoir une photographie pour pouvoir mieux m’imaginer encore, un tissu imprégné de mon parfum, qu’il était prêt à m’attendre. Il réussit à me convaincre. Un jour, je lui ai envoyé une photo de moi, un portrait pris sur la plage, accompagnée d’un de mes foulards parfumé. Il ne cessait de me parler de ma féminité, de ses pensées quotidiennes pour moi. Il était très lyrique dans les messages qu’il laissait sur ma boite à lettres. Je crois avoir fait cela pour voir jusqu’où j’étais capable d’aller. Je ne serai pas allée plus loin avec eux, avec aucun d’entre eux. C’était une règle que je m’étais fixée à l’époque. Pas de rencontre réelle. D’ailleurs moi aussi, je prenais un pseudonyme : « Anna ». Jamais je ne donnais mon numéro de téléphone. C’est toujours moi qui ai appelé, après avoir établi le contact sur internet. A aucun d’eux je n’ai donné mon vrai prénom, ou une indication sur ce que je faisais réellement comme métier, sur ma vie privée.
Thursday, November 08, 2007
Les hommes au téléphone 4/18
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