C'est aussi au son de sa voix que j'ai compris que notre relation allait cesser. Sa voix n'était plus la même au téléphone. Sa voix était fuyante, embuée. Je lus un message de lui, un soir, sur l'écran, un des derniers qui devait exister entre nous. « J'ai besoin de temps. Je préfère que ce soit moi qui rappelle en premier. Très sincèrement, tu es une fille très bien et je ne regrette pas le moins du monde tout le temps que nous avons passé ensemble. Je t'embrasse. Philippe ».
Je compris avec lui lors de discussions ultérieures que tromper sa femme avec une voix n'était ni risqué, ni gênant, ni culpabilisant, mais que le passage à l’acte l’avait rendu coupable. Le secret de la voix désincarné de tout corps, c'est l’assurance d’un secret, celui qui ne met pas en danger, celui qui, s'il apparaît au grand jour, sera toujours facile à justifier. Se poser en victime d'une femme hystérique se serait déjà vu. J'ai très vite compris que faire l'amour au téléphone impliquait à la fois confidentialité, respect mutuel mais aussi détachement, dissociation du fantasme et du réel. Ne rien attendre du reste. Les hommes mariés sont de merveilleux amants virtuels car ils s’abandonnent sans peur dans la virtualité. Il faut simplement ne rien attendre d’autre. Alors, je me pose de nouvelles règles. Couper court lorsque la voix est lâche. Prendre une voix cinglante et castratrice, puis cesser les conversations sera ma seule réponse à l'irrespect, l'impolitesse ou le mépris. J’accepte d'être le jouet d'un homme marié parce que c’est très jouissif, d'être la putain tandis qu'il vénère la maman qu'est devenue son épouse. Une seule règle toutefois me guide : ne pas accepter la goujaterie.
No comments:
Post a Comment