Wednesday, November 29, 2006

Ce n'est pas une femme, c'est une apparition

Je me souviens de cette phrase dans "Baisers Volés" de Truffaut, où Antoine Doinel dit "Ce n'est pas une femme, c'est une apparition". Cette femme est jouée par Delphine Seyrig.
Je me souviens de ce monologue dit avec son timbre de voix si particulier et qui raisonne encore à mon oreille :
"Un jour, au collège, notre professeur nous expliqua la différence entre le tact et la politesse.
Un monsieur rentre dans une pièce sans frapper et par inadvertance aperçoit une jeune femme nue dans son bain. Il recule, dit "Oh pardon, excusez-moi Madame" et referme la porte:
ça c'est la politesse.
Le même monsieur rentre dans une pièce sans frapper et aperçoit la jeune femme nue dans son bain. Il recule, dit "Oh pardon, excusez-moi Monsieur" et referme la porte :
ça c'est le tact.

Sunday, November 26, 2006

Saturday, November 25, 2006

Sous le noir

« L’œuvre vit du regard qu’on lui porte. Elle ne se limite ni à ce qu’elle est ni à celui qui l’a produite, elle est faite aussi de celui qui la regarde. Ma peinture est un espace de questionnement et de méditation où les sens qu’on lui prête peuvent venir se faire et se défaire ».

Pierre Soulages

Elle ressemble à une peinture de Pierre Soulages. Elle est une femme Outrenoir.
Toute habillée de noir, elle reflète la lumière. Elle n’est pas seulement cette masse noire. Elle est celle dont on voudrait aller voir sous le noir. Suivre du regard sa jambe sous son bas noir, soulever sa jupe de soie noire, apercevoir la dentelle noire sur sa cuisse blanche. L’envie de passer ma main sous le tissu noir d’un dessous qui me laissera avancer vers la bouche d’ombre sous le triangle noir. J’imagine d’obscures profondeurs où mon sexe s’engloutira.
Je peux percevoir les différentes masses de son corps sous le tissu noir. La forme de ses seins sous son pull noir me laisse entrevoir de doux monts où ma main se perdra, où mon sexe se serrera.
Son ventre modelé sous le noir. Son ventre d’outremangeuse.
Tout est matière chez elle. Tout semble appeler le toucher.
Je rêve de creuser de larges sillons dans son dos, avec de larges pinceaux brosses. Des stries. Les plis de son corps comme des ruptures, des silences.
Découvrir son corps comme entrer dans la lumière du noir, au plus profond d’elle.
Passer ma main dans ses cheveux noirs, ôter sa bague remplie d’encre noire qu’elle porte toujours au doigt. Boire l’encre de son corps, l’entendre encore dire « non je n’ai jamais vu The Pillow Book ». Etre Peter Greenway. Etre Pierre Soulages. Etre celui qui la révèle et la déshabille. Entrer dans le secret de cette femme en noir. Comme Pierre Soulages, « aimer l’autorité du noir ». Pour aller mieux voir sous le noir. La peau sous la matière. Le blanc de sa peau sous le noir. La remplir d’un blanc laiteux. Les baisers sous la bouche. Les cris sous le plaisir. Les cris que je ne connais pas. Elle est tout à la fois cette femme Outrenoir et cette femme qui me regarde dans le tableau d’Alfred Agache.

L’énigme.

(Texte de Ann Arois / novembre 2006)