Tuesday, July 31, 2012
Saturday, July 14, 2012
Au fond du jardin (partie 12)
Je connaissais l’Abbaye des Vaux de Cernay, lieu majestueux
au cœur de la forêt de Rambouillet.
Je donnais à Philippe mon accord pour cette rencontre le
jour dit. Je ne me lassais pas de regarder ce bouquet.
Les courriels de Philippe suggéraient son goût pour la
symbolique des fleurs. Mon dictionnaire des symboles indiquait que l’anthurium
rouge était un signe d’invitation à l’amour, de fougue sensuelle. Quant à
l’arum rouge, l’offrir signifiait à son destinataire le désir ardent d’une
relation d’amour charnel.
L’entrelacement des fleurs dans le bouquet me fit penser que Philippe
n’avait pas choisi au hasard ces fleurs et cela me plaisait mais m’angoissait
tout autant.
Comment était Philippe ? Etait ce prudent d’aller à ce
rendez-vous ? Quelque chose me poussait vers cet homme. J’avais envie de
savoir qui se cachait derrière ces mots, ces conseils botaniques, ces
allusions, ces messages, ces fleurs.
J’avais envie de cet homme. Sans même le connaître.
Le vendredi, un peu avant 20h, j’entrais dans le parc de
l’Abbaye. La vision était éblouissante. Le lac paisible, l’herbe verte, la
forêt tout autour, le pavillon chinois
rouge au bord du lac, l’abbaye merveilleuse devenu aujourd’hui un hôtel
luxueux.
Je traversais un long couloir de boiseries avant d’entrer
dans le grand salon. Près de l’immense cheminée, assis dans un canapé rouge
passion, je vis un homme et su tout de suite que c’était lui. A sa façon de me
regarder. Il se leva, s’approcha et m’invita à venir s’asseoir. Il était
massif, les cheveux blonds, des yeux bleu ciel, une peau matifiée par le
soleil. Je remarquais son large sourire, ses mains épaisses. Je réfléchis à
l’âge qu’il pouvait avoir. Quarante ans, peut être un peu moins. Peut être un
peu plus. Je ne l’avais pas imaginé comme cela.
Je lui trouvais beaucoup de charme. Je lui proposais d’aller
boire un verre dehors, sur la terrasse, près des vieilles pierres. Nous
parlâmes pendant plusieurs heures. De son métier de botaniste. Il effectuait
une mission pour un parc botanique de Bretagne afin de rescencer de nouvelles
plantes venues d’autres pays et pouvant s’acclimater au climat breton. Je
compris alors pourquoi il m’avait aperçu le jour où j’étais allée chercher mes
fleurs. Le parc pour lequel il intervenait était un de ceux que j’avais visité.
David travaillait lui aussi pour ce même parc. Il me raconta avoir lu mes
écrits et avoir eu envie de créer une rencontre qui soit à la hauteur de celle
de Jacob. Nous marchâmes le long de l’abbatiale.
Je lui dis avoir apprécié ses métaphores jardinières. Il me
répondit qu’il avait envie de connaître mon jardin secret, le plus intime, de
sentir son parfum… J’avais envie de cet homme.
De plus en plus envie. Il n’était pas vraiment beau. Pas
vraiment attirant mais j’avais envie de lui. Il me demanda maladroitement si
j’avais envie de rester cette nuit avec lui dans une chambre. Je lui dis oui.
Il ne m’embrassa pas.
Nous sommes rentrés dans le hall et avons pris l’ascenseur
jusqu’au dernier étage. Il ne parlait pas. Moi non plus. Au fonds du couloir,
il ouvrit la porte de la Chambre Rotschild. Une suite donnant sur le parc, avec
une fenêtre en œil de bœuf près d’un petit salon art déco. Le lit immense avait
été ouvert par la femme de chambre. Les lumières des chevets étaient allumées.
Je posais mon sac. J’aperçus la fresque en mosaïque de la
salle de bains, ses boiseries et les deux peignoirs blancs posés près de la
fenêtre. Philippe est allé entrouvrir la fenêtre, tira le rideau, ce qui
assombrit légèrement la pièce. Il éteigna une des des lampes puis s’approcha de
moi. Je le laissais faire. Il se déshabilla devant moi dans le silence. Je ne
bougeais pas et le regardais. Il avait un torse carré et massif. Des cuisses
larges.
Son sexe était large, déjà dur. J’avais envie de me laisser
faire.
Il s’approcha de moi, écarta les épaules de ma robe, sortit
mes bras des manches, puis fit glisser ma robe le long de mes cuisses. Il
dégrafa mon soutien gorge et baissa doucement la culotte que je portais. Je le
laissais faire. Il se colla à moi. Je sentis ses mains autour de ma taille. Il
me dit simplement au creux de l’oreille « je veux plonger entre tes
cuisses, respirer ton odeur, te sentir, te ressentir ». Je m’allongeais sur le grand lit, au
milieu. Philippe ne m’embrassa pas. Je ne fis rien de cela moi non plus. J’écartais
simplement les cuisses et lui dis « viens ».
Wednesday, July 11, 2012
Au fond du jardin (partie 11)
Ann
Actuellement, j’ai une envie irrésistible de promener mon ver dans un ruisseau pour qu'une truite le gobe.
Savez vous que l'on peut lire une rivière, deviner où se cachent les belles. D'une touche électrique, quasi jouissive, certaines avalent goulument l ‘appât, d autres timidement par petits coups. Je prends ma gaule et vais de ce pas vers le ruisseau, vous abandonnant lâchement pour mon plaisir.
J'aurai plus de temps à vous consacrer dans une semaine.
Actuellement, j’ai une envie irrésistible de promener mon ver dans un ruisseau pour qu'une truite le gobe.
Savez vous que l'on peut lire une rivière, deviner où se cachent les belles. D'une touche électrique, quasi jouissive, certaines avalent goulument l ‘appât, d autres timidement par petits coups. Je prends ma gaule et vais de ce pas vers le ruisseau, vous abandonnant lâchement pour mon plaisir.
J'aurai plus de temps à vous consacrer dans une semaine.
Je dois partir à
Courson en vue de la préparation de la journée des plantes.
Philippe
Philippe,
Je dois partir quelques jours à Paris pour mon travail. Je
vous attends donc à mon retour.
Ann
Un homme frappa à ma porte le lendemain matin. C’était un
livreur, il apporta un bouquet d’anthuriums rouges et d’arums rouges
entrelacés de feuillages abondants verts.
Une carte accompagnait le bouquet.
« Lady,
Si ce n’est en
Bretagne, voyons nous ailleurs… Nous ne serons pas si loin… Abbaye des Vaux de
Cernay – vendredi - 20h dans le
Grand Salon – Voulez vous ?
Votre jardinier
Philippe ».
Tuesday, July 10, 2012
Au fond du jardin (partie 10)
Philippe,
A vous lire, c’est une digitale rouge qu’il me faudrait vous
offrir. N’est ce pas la fleur qui crie le désir charnel ardent ?
Ou peut être un iris ? car vous enchantez mes jours
mais je rêve, je vous avoue, que vous enchantiez mes nuits.
Vous voyez, moi aussi, je jouis du langage des fleurs. Quand
viendrez vous donc vous montrer dans mon jardin ?
Ann, qui n’en puis plus de ne pas vous connaître.
Silence à nouveau.
Monsieur,
Je ne sais si votre silence doit m’irriter ou m’émouvoir.
J’ai acheté toutes ces plantes au moment même où vous
abandonnez mon jardin me semble
t’il.
Il me serait bien agréable que vous mettiez à ma disposition David ou un
autre jardinier, puisque vous ne daignez pas venir vous même afin de planter
comme il faut ces fleurs en pots qui ne demandent qu’à intégrer la terre.
Que dois je comprendre à votre silence ?
Dois je y voir une signification balzacienne ? Allez
vous m’envoyer un lys ? Etes vous donc Felix de Vandenesse et moi la
Comtesse de Mortsauf ?
Votre Lady, quelque peu impatiente.
Lady,
Pour mettre la plante
en terre, il faut que le trou qui la recevra soit bien humide, n’oubliez pas
cela.
Votre jardinier
Monsieur,
Arrosez, arrosez… pour que cela soit humide…
Votre Lady
Bonsoir Lady,
Durant la nuit, comme l'ouverture de la pêche approche, je vais entreprendre l'inventaire des zones humides.
Si durant votre sommeil vous ressentez des frémissements, ce n'est que moi qui suis en train de passer.
Il est même possible que je vérifie l’humidité en y entrant un doigt, voire ma gaule.
Votre jardinier
Durant la nuit, comme l'ouverture de la pêche approche, je vais entreprendre l'inventaire des zones humides.
Si durant votre sommeil vous ressentez des frémissements, ce n'est que moi qui suis en train de passer.
Il est même possible que je vérifie l’humidité en y entrant un doigt, voire ma gaule.
Votre jardinier
Monsieur,
Vous avez un sixième sens, celui de savoir ce qui me plait.
Car en effet, qu'on me réveille la nuit par quelques caresses bien choisies est une chose que j'adore. Il ne faut pas longtemps pour me convaincre d'écarter un peu plus les cuisses.
Pour y laisser entrer un doigt, voire deux.
Et lorsque l’humidité laissera trace sur votre peau, ce qui viendra assez vite sous des doigts d'experts, c'est avec une envie non dissimulée que j'en appellerai à votre queue.
Apprendre les sciences de la nature avec vous, jardinage ou pêche, est un pur délice.
Je ne me suis jamais sentie aussi proche de la nature.
Ann
Vous avez un sixième sens, celui de savoir ce qui me plait.
Car en effet, qu'on me réveille la nuit par quelques caresses bien choisies est une chose que j'adore. Il ne faut pas longtemps pour me convaincre d'écarter un peu plus les cuisses.
Pour y laisser entrer un doigt, voire deux.
Et lorsque l’humidité laissera trace sur votre peau, ce qui viendra assez vite sous des doigts d'experts, c'est avec une envie non dissimulée que j'en appellerai à votre queue.
Apprendre les sciences de la nature avec vous, jardinage ou pêche, est un pur délice.
Je ne me suis jamais sentie aussi proche de la nature.
Ann
Monday, July 09, 2012
Au fond du jardin (partie 9)
Ce petit jeu m’excitait tout autant qu’il commençait à
m’irriter. Je décidais de prendre les choses en main et d’aller visiter
quelques pépinières afin de glaner moi-même quelques plantes et quelques
conseils.
Je visitais plusieurs pépinières de la région environnante.
Agapanthes ; plumbagos, géranium vivace rozanne, j'achetais un ensemble de fleurs aux nuances bleues pour donner de la couleur au
premier plan de la terrasse.
En vis-à-vis du massif d’hortensias rose et violet, voilà
qui me semblait tout à fait bien. La glycine à gauche fleurira d’avril à juin
et dialoguera ainsi avec le plumbago en fleurs lui aussi à cette période.
« Lady,
Vous avez choisi
les plantes adéquates mais vous auriez dû prendre un solanum jasminoïde pour
faire courir sur le mur de votre maison, tout près de votre terrasse. Le parfum
du jasmin, dit on est le parfum des rois. Celui de la rose, le parfum des
bien-aimés. Vous étiez ravissante avec votre robe blanche. Et si j’osais,
je vous dirais qu’il me plairait de sentir le parfum de votre propre jardin, le
plus intime. Les jardins persans étaient toujours ceints de murs pour que
l’intimité soit protégée. J’aimerai écarter les murs de la vôtre.
J’aimerai entrer dans
le bleu de vos fleurs car entrer dans le bleu, c’est un peu comme Alice au Pays
des Merveilles, passer de l’autre côté du miroir. Quand un gentilhomme offrait
une clématite bleue à une dame c’est qu’il exprimait son désir, lui disant
autrement « j’espère vous toucher ».
Les égyptiens avaient
eux aussi le goût des jardins, avec des massifs fleuris et des bassins. Ils en
dessinaient sur les murs et sur le sol de leur palais. Chaque fleur avait son
langage.
Pardonnez mon audace.
C’est peut être que
j’ai trop abusé des baies de mandragore, Pommes du Diable ou Pommes d’Amour,
selon les croyances, qui provoquent un sommeil plein de rêves. Des rêves
érotiques.
Philippe, votre
jardinier »
David n’était donc pas Philippe. Je n’avais vu David dans
aucun des endroits où j’étais allée. J’avais visité quatre pépinières, de
Saint-Yvi à Combrit, en passant par Fouesnant et Riec-sur-Belon. Impossible de
savoir où était Philippe puisque manifestement il m’avait vue.
Sunday, July 08, 2012
Au fond du jardin (partie 8)
Lady,
Avant toute chose, il
nous faut faire quelques coupes dans votre allée. J’ai remarqué quelques arbres
qu’il est nécessaire d’élaguer. Je vous envoie un de mes assistants qui saura
préparer les travaux préliminaires.
Votre jardinier
Le jour suivant, vers neuf heures, un homme jeune, vint se présenter
à moi, me disant qu’il était envoyé par mon jardinier. Je n’eus pas besoin de
lui indiquer ce qu’il y avait à faire, celui-ci me dit que Philippe lui avait
tout expliqué et qu’il souhaitait se mettre au travail tout de suite avant que
la chaleur ne soit trop forte. Entendre prononcer son prénom créa un trouble en
moi. Je n’avais jusque là eu connaissance que d’un nom et une initiale de
prénom dans son adresse électronique.
Je laissais le jeune homme rejoindre le jardin.
Je ne pus m’empêcher de penser que cet
homme connaissait Philippe, son visage, son allure, tandis que moi je ne
connaissais rien. J’aurai voulu lui poser quelques questions, savoir l'âge de Philippe,
mais je n’eus pas le temps. Le bûcheron que m’avait envoyé ce dernier s’était
déjà mis à la tâche. Il me dit simplement « je m’appelle David, où dois je
mettre le bois que j’aurai coupé ? ». Je lui indiquais un endroit
près de la remise.
Depuis le salon, derrière ma table de travail, j’apercevais
ce David coupant le bois. Grand, massif, je le voyais couper en deux chaque
bûche d’un geste large et sûr. Je ne pouvais m’empêcher de fantasmer. Philippe l’avait
il envoyé dans ce but ? je me plaisais à imaginer qu’il en était ainsi.
David ne se déconcentrait pas de son travail. J’imaginais
son torse trempé par la sueur contre le mien. Voilà un fantasme bien banal
avant de rayer l’écriture de la scène que je fantasmais. Toutefois, je ne
pouvais m’empêcher de le regarder. Il était torse nu et son torse me plaisait.
Il avait les bras bandés et cela m’excitait. Je me demandais si son sexe était
de bonne taille. Je me demandais comment il baisait.
Le bois coupé, il vint me dire au revoir. Il avait des yeux
clairs magnifiques. Il refusa à boire.
Quelques heures
après son départ, je ne pus m’empêcher de fantasmer sur lui, allongée sur mon
lit, cuisses ouvertes et doigts caressant mon sexe. Je l’imaginais me baisant
avec la même assurance qu’il coupait le bois, avec la même force.
Dans la soirée, je reçus un courriel de Philippe.
« David vous a t’il donné toute
satisfaction ? »
Je lui répondis qu’il m’avait apporté plus de satisfactions
que je n’en attendais. Ce à quoi Philippe me répondit qu’il savait que David
était l’homme de la situation et qu’il l’avait choisi en conséquence, qu'il avait une ressemblance avec l'homme des bois de Lady Chatterley. Je me
demandais si Philippe choisissait ses mots sans le savoir ou s’il émoustillait
avec plaisir et une légère perversité mon appétit charnel.
N’ayant à nouveau pas de nouvelles durant deux jours,
j’envoyais un courriel en demandant ce qu’il en était de mon jardin. Pourquoi
donc l’avoir laissé en friche après tant de premiers soins ?
Et si ce David n’était autre que Philippe ?
Saturday, July 07, 2012
Au fond du jardin (partie 7)
Madame,
ou plutôt Lady,
Les hommes sont ainsi
faits
Ils peuvent être
cruels sans le vouloir
Pardonnez moi ce
silence
C’est que je travaille
beaucoup.
C’est le jardinier qui
vous parle,
Qu’en est il de votre
pelouse ?
Il me faudrait un état
des lieux des travaux à entreprendre
J’adore m’occuper des
pelouses
Comment est la
vôtre ?
Green anglais ?
Broussaille ?
Prairie
scandinave ?
Dites moi tout.
Que je fasse de beaux
rêves…
Votre dévoué jardinier
Cher Monsieur,
Je ne saurais décrire ma pelouse…
Pour cela, il vous faudrait venir et que nous nous
rencontrions afin que je vous montre comment elle est faite.
Par ailleurs, j’aimerai que vous vous occupiez des monts
vallonnés à l’arrière de ma propriété…
Ann Aroïs
Votre Lady
Chère Lady,
Je m’occuperais
volontiers de votre arrière.
Pour le moment, je
vous propose de nous consacrer au chemin qui mène à votre entrée principale.
J’imagine aisément un
magnolia dont la fleur s’ouvre avec délicatesse et dont la beauté éblouira vos
invités quand ils pénétreront dans le chemin.
Le magnolia stellata
est d’une culture assez facile, aime les sols humifères et donnera à votre
entrée des allures de jardin japonais, digne d’une geisha. Mais nous pouvons
aussi opter pour un magnolia double diamond, un must have pour tout jardin. Les
chinois le cultivent depuis plus de mille ans et en ont fait un symbole de
pureté.
Votre jardinier
Cher Monsieur,
Comme tout cela est d’une poésie remarquable. Le double
diamond me convient tout à fait.
Quand pouvez vous venir le planter ? J’attends avec impatience que
vous vous occupiez de mon jardin. Je n’y tiens plus….
Ann
Friday, July 06, 2012
Au fond du jardin (partie 6)
Madame,
Ce matin, pendant que vous dormiez j’ai fait le tour de ce que vous m'avez confié en garde.
Ce matin, pendant que vous dormiez j’ai fait le tour de ce que vous m'avez confié en garde.
Il faudra
m’indiquer quelles sont les plantations à faire. Comment préférez vous les cucurbita
pepo?
A quel stade faudra t il que je vous les apporte ?
Jeunes et fraiches ou plus épaisses?
C ‘est sans doute trop classique comme culture pour une femme de votre rang, mais je puis vous assurer que je saurai vous faire juter avec.
A quel stade faudra t il que je vous les apporte ?
Jeunes et fraiches ou plus épaisses?
C ‘est sans doute trop classique comme culture pour une femme de votre rang, mais je puis vous assurer que je saurai vous faire juter avec.
Votre
jardinier
Monsieur,
Bien que vous soyez à mon service, je dois vous avouer qu'en matière de jardinage, je vous suis totalement soumise.
Bien que vous soyez à mon service, je dois vous avouer qu'en matière de jardinage, je vous suis totalement soumise.
Prenez donc les choses en main, même si je suis en train
d'opérer quelque nettoyage sur le sol.
Au sujet des cucurbita pepo, j'avoue que j'ai une préférence pour la courge à moelle.
Apportez la moi à un stade plutôt épais. J'ai une bouche qui saura l'apprécier. Suffisamment grande si elle était de taille imposante, et suffisamment active s'il fallait la déguster avec ma langue.
Au sujet des cucurbita pepo, j'avoue que j'ai une préférence pour la courge à moelle.
Apportez la moi à un stade plutôt épais. J'ai une bouche qui saura l'apprécier. Suffisamment grande si elle était de taille imposante, et suffisamment active s'il fallait la déguster avec ma langue.
Si la courge était un peu trop molle, j'ai une
recette qui dans la bouche la fera vite durcir.
La courge à moelle est souvent bien remplie et son jus me fait saliver d'avance.
Oserais je vous demander comment est la vôtre ?
La courge à moelle est souvent bien remplie et son jus me fait saliver d'avance.
Oserais je vous demander comment est la vôtre ?
Ann, votre dévouée apprentie jardinière
Je n’ai reçu aucune nouvelle pendant plusieurs jours.
Peut-être avais je été trop loin dans mon courriel. Au fonds, ce silence
m’avait permis de réfléchir et je pris la décision de modérer mes propos, de
revenir à ma préoccupation première, à savoir mon jardin. M’inquiétant
toutefois de ce silence, j'envoyais un nouveau courriel demandant à mon jardinier
s’il avait décidé de renoncer à mon chantier.
Thursday, July 05, 2012
Au fond du jardin (partie 5)
Madame,
Demain
matin, quand vous vous réveillerez, regardez votre jardin, le voile laiteux qui
s'y sera déposé ne sera pas de la rosée.
Ce
voile sera le début, je l'espère, d'une juteuse association.
Votre
jardinier
Cher Monsieur,
J’aimerai que mon balcon soit arrosé de cette semence. Si j’osais, j’ajouterais même qu’il me
plairait de caresser celui ci de cette pluie fine. Nous sommes donc faits pour
nous entendre.
Arrosez-moi de votre jus autant qu'il vous plaira.
Ann A.
Arrosez-moi de votre jus autant qu'il vous plaira.
Ann A.
Cet homme m’excitait et me
faisait véritablement fantasmer. Je me plaisais à l’imaginer tout en regrettant
de lui avoir répondu de la sorte. Qu’allais je faire dans ce chemin ? Je
ne savais ni qui était cet homme, ni s’il était dangereux ou pas.
Wednesday, July 04, 2012
Au fond du jardin (partie 4)
Cet homme inconnu avait percé un secret
chez moi bien gardé, un visage sur un nom.
Peu de gens savent qui se cache derrière mon pseudonyme et je tiens à garder ce
secret. Il tient, pour moi, de ma démarche. Celle du boudoir. Alors que beaucoup de personnes peuvent me lire, j'invite uniquement dans mon boudoir privé celles que je choisis. Voilà que cet homme que je ne
connaissais pas savait lui qui j’étais. Voilà qui m’intriguait mais aussi
m’inquiétait.
Il répondit à ma photo de l’agave en me
parlant de mon balcon. Sur cette photo, j'étais habillée d’une robe légère au
décolleté profond.
Madame,
Sachez que je n’ai
jamais eu de balcon aussi gros sous ma responsabilité. Toutefois, vous avez
fait le bon choix en m'engageant, votre balcon et votre jardin seront entre de
bonnes mains.
Votre jardinier
Amusée par l’ambiguité de sa réponse, j’eus envie de lui répondre de la
même façon.
Cher Monsieur,
Vous m'en voyez ravie.
J'avais peur que mon balcon vous déplaise. Que vous le trouviez trop imposant.
Ou inintéressant.
Je ne doutais pas de vos compétences.
Vos mains calleuses ne font que me plaire un peu plus.
Et oserais je le dire me font fantasmer en secret.
Que voulez vous... je suis de ces châtelaines qui aiment le travail des hommes de la terre.
Qui en jouit même.
Vous m'en voyez ravie.
J'avais peur que mon balcon vous déplaise. Que vous le trouviez trop imposant.
Ou inintéressant.
Je ne doutais pas de vos compétences.
Vos mains calleuses ne font que me plaire un peu plus.
Et oserais je le dire me font fantasmer en secret.
Que voulez vous... je suis de ces châtelaines qui aiment le travail des hommes de la terre.
Qui en jouit même.
Ann Aroïs
Tuesday, July 03, 2012
Au fond du jardin (partie 3)
Je reçus un nouveau courriel le soir.
Mon jardinier inconnu me dit simplement « J’étais derrière vous. Manoir de
Kertalg. » J’étais de plus en plus intriguée. En lisant le mail, je
pensais tout de suite au roman de Nicolas Fargue que j’avais lu l’été dernier.
«J’étais derrière vous ». Mais je compris aux mots qui suivaient qu’il n’y
avait pas d’allusion à ce roman car le nom même du Manoir de Kertalg m’éclaira
vite. J’avais passé quelques après-midi là bas au calme du grand parc arboré,
avec une amie, devant un thé glacé. Peu de monde, hormis les clients de
l’hôtel, venaient dans cet endroit pour y passer un peu de temps l’après-midi.
Moi-même, j’avais été informée de cette possibilité par un ami qui y avait
séjourné. Mon jardinier était donc un jardinier voyageur, sans doute client de
passage de cet hôtel. Il n’était d’ailleurs sans doute pas jardinier. A moins
qu’il ne soit comme moi, un habitant saisonnier de la région venant profiter du
calme quelques après-midi dans cet endroit retiré dans les bois. Peut être
était il paysagiste, travaillant sur les plans d’un nouvel aménagement du parc
de l’hôtel.
Il me revint en tête la conversation que
j’avais eue un après-midi, assise dans un fauteuil confortable, autour d’une
petite table ronde, dans le jardin ensoleillé du Manoir de Kertalg, avec mon
amie. Je lui avais fait part de mon souhait de trouver un jardinier au vu de mon
incapacité à faire de mon jardin un lieu d’épanouissement pour mes plantes. Je
me souvenais alors lui avoir dit de quelle manière j’allais procéder, en passant
une petite annonce dans le journal local. Mais comment cet homme savait il que
j’écrivais ? Je n’écris que sous un pseudo et je ne me souvenais pas avoir
évoqué avec mon amie lors de notre conversation mon nom d’emprunt. Je me
souvenais simplement avoir parlé de la correspondance passionnée de Henry Miller
et d’Anaïs Nin, dont je venais d’achever la lecture. Nous parlions de nos
dernières lectures respectives. Je me souvins alors que mon amie m’avait
demandé si Jacob Miller avait choisi ce pseudo en écho à Henry Miller. Je lui
dis que oui, qu’il avait longuement cherché un nom d’emprunt lorsque nous avons
décidé d’un commun accord de publier en ligne la correspondance érotique que
nous entretenions.
J’avais vu juste. Mon jardinier
inconnu m’expliqua dans un courriel dès le lendemain qu’il avait simplement
tapé les mots « correspondance Jacob Miller » dans un moteur de
recherche, ce qui le transporta très vite vers les pages de mes écrits en
ligne. Il me dit avoir lu ensuite chaque texte que j’avais écrit.
Je sais que mes textes sont lus. Des
lecteurs m’écrivent souvent. Je réponds à chaque demande de correspondance
érotique par la négative, souhaitant laisser à celle de Jacob son caractère
unique et singulier. Cet homme m’intriguait. Je pensais alors à ce lecteur qui
m’avait dit en lisant mes derniers textes que je décrivais sans cesse des
hommes qui étaient étranges et inquiétants mais aussi très attirants. Je
n’avais pas remarqué cela et qui plus est je n’étais pas d’accord avec ce point
de vue. Au fonds, ce qui m’intéresse
chez un homme c’est le plaisir que nous pouvons avoir ensemble, celui qu’il me donne
et celui que je donne. Cette intimité qui amène l’un et l’autre à jouir est la
véritable intimité. Un partage qui est souvent un leurre. L’orgasme se donne à
voir à l’autre mais ne peut pas être complètement partagé. Si la jouissance est
donnée par l’autre, elle n’est ressentie profondément que par l’un. J’aime les
hommes parce que j’aime percer le secret de leur jouissance, chercher ce qui
les fera jouir. J’aime les hommes pour la jouissance qu’ils peuvent me donner.
Les hommes que je décris sont le reflet de leur jouissance, mystérieuse
quelquefois, prétentieuse, ou impérieuse. J’écris pour conserver la trace de
l’intimité que j’ai avec certains hommes.
Monday, July 02, 2012
Au fond du jardin (partie 2)
En panne d’inspiration depuis quelques
temps, son entrée dans ma vie arrivait à point nommé pour occuper mes rêves et
alimenter mon écriture. L’été n’était-elle pas cette saison où seuls comptent
l’insouciance, la légèreté et le plaisir des choses simples ? Dormir sur
une chaise longue en rotin, bercée par le souffle léger du vent. Boire un verre
de vin blanc frais, le soir venu, à la lueur d’un photophore. Faire l’amour
l’après-midi, les volets fermés pour protéger de la chaleur les corps déjà
moites de plaisir. Lire quelques romans qu’on lit uniquement en été avec la
seule envie d’être transportée.
Je demandais à mon jardinier inconnu si
lui-même avait quelque chose de l’homme des bois puisqu’il m’imaginait en Lady
Chatterley.
Je lui envoyais la photo d’une agave
qu’un ami m’avait offert et qui me semblait-il était mal en point.
J’apparaissais également sur la photographie. Je n’avais pas choisi cette image
au hasard.
Je lui envoyais une autre photo, celle
de mon balcon, afin qu’il puisse voir le nombre de pots que je possédais, leur
taille et leur forme.
Mon jardinier inconnu me répondit
le lendemain, me disant qu’il avait tout de l’homme des bois, étant à ses
heures braconnier, toutefois moins dans la nature que sous l’eau bleue de la
Bretagne, ajouta t’il. Il se qualifia de force de la nature, aimant le parfum fort et puissant des
ormeaux. Il me demanda si l’homme des bois était le fantasme des femmes
d’écriture. Je compris alors que cet inconnu savait de moi plus de choses que
je ne le supposais.
Sunday, July 01, 2012
Au fond du jardin (partie 1)
J’ai reçu un matin un courriel
qui disait « Madame, suite à votre annonce, je vous propose mes services pour
l'entretien de votre jardin. Je suis travailleur, mes mains calleuses peuvent
en témoigner. Dans l’espoir de vous lire, je vous adresse mes sincères
salutations. »
J’attendais en effet depuis plusieurs
jours qu’un jardinier soit intéressé par mon annonce pour entretenir le jardin
de ma maison de campagne et le balcon du premier étage que je ne savais comment
aménager. Sa réponse était pour le moins atypique mais piqua ma curiosité. Je
fixais rendez vous à ce jardinier pour lui faire visiter les lieux. Celui-ci me
répondit qu’il ne pouvait pas venir pour le moment et qu’une simple photo du
jardin suffirait pour qu’il me donne un premier avis et une estimation du
travail. Je fus surprise de sa réponse mais lui envoyais tout de même les seules
photos que je possédais. Une photo montrait le jardin laissé à l’abandon, après
quelques essais malheureux de la piteuse paysagiste que je suis. Un jardin
bordé d’arbres, un grand pin sur la gauche, des rodhodendrons sur la droite, des
massifs d’hortensias et quelques bambous. Je lui décrivis la glycine qui
jouxtait la maison. J’eus une réponse le soir même. Il trouvait que ma maison
et mon jardin avaient des allures de la demeure d’une Lady Chatterley.
Cette allusion m’amusa.
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