Suite à la mise en ligne du petit texte intitulé "Inviter les hommes dans mon boudoir", j'ai reçu une demande d'interview. Je la retranscris ici.
M. S : Depuis quand tenez vous votre blog ?
Ann Aroïs : J'ai ouvert ce blog en 2005.
M.S. : Pourquoi avoir choisi ce mode de diffusion ? N'avez vous jamais envisagé de publier vos textes par le biais d'un éditeur ?
Ann Aroïs : J'avais écrit quelques textes pornographiques et j'avais envie de les partager. Etre éditée me semblait alors être une chose inaccessible. Ce nouveau média était un moyen simple et j'avais envie de créer un univers à mon image, un habillage autour de mes textes qui corresponde à ce que je suis. Après mon passage sur France Inter, mes lecteurs ont été de plus en plus nombreux. Il m'a été proposé de publier mes textes. Pour le moment, j'aime rester dans cette formule "blog". Il me permet de garder un anonymat et j'aime l'idée que des lecteurs viennent ici par hasard et s'attardent ou pas, lisent quelques lignes et s'en vont, ou restent un peu plus. J'aime l'idée que des lecteurs viennent voir régulièrement si je mets de nouveaux textes en ligne.
M. S. : Vous décrivez vous comme une "sex-bloggueuse" ?
Ann Aroïs : Non. Je conçois l'activité de mon blog comme le partage d'un univers littéraire et intime. J'écris des textes dont la construction littéraire est très importante pour moi. J'ai envie que le lecteur considère mon texte comme quelque chose de littéraire et en même temps d'excitant parce que pornographique et non érotique.
M.S. : Comment décrivez vous votre "activité" de bloggueuse ?
Ann Aroïs : Comme le partage d'un univers féminin, une écriture féminine du sexe. Mes textes sont pour la plupart autobiographiques. Ils sont une manière pour moi de montrer comment en tant que femme j'aime vivre le sexe.
M.S. : Savez vous qui vous lit, et pourquoi à votre avis ?
Ann Aroïs : Je suis essentiellement lue par des hommes, au vue des mails que je reçois. Ce qui m'a beaucoup surpris, c'est la façon dont les hommes m'écrivent... sur la pointe des pieds... ils n'osent pas... sont très réservés, me font part de leur excitation. Je n'ai jamais eu de mail vulgaire ou grossier mais au contraire très respectueux. Je sais que j'ai des lecteurs très fidèles, qui me suivent depuis le début ou presque. Certains s'inquiètent lorsque je suis dans des périodes longues sans écriture. Plusieurs lecteurs m'ont demandé de correspondre avec eux comme je l'ai fait avec ce lecteur appelé "Jacob" et dont j'ai publié, avec son accord, notre correspondance érotique.
D'autres me demandent de réitérer avec eux l'expérience du "téléphone rose".
M.S. : Vous répondez positivement ?
Ann Aroïs : Non. Car j'aime garder à cette expérience son caractère exceptionnel. Mais je suis toujours très touchée de recevoir des lettres de mes lecteurs.
M.S. : Jamais de lectrices ?
Ann Aroïs : Je n'ai reçu en effet jusque là que des lettres d'hommes.
M.S. : Que recherchent vos lecteurs ?
Ann Aroïs : Je ne sais pas ce qu'ils recherchent au départ mais ils me disent trouver un univers qui les excite. J'ai des lecteurs de tous âges. Les plus jeunes ont 25 ans, ils m'écrivent qu'ils trouvent dans le blog le fantasme d'une femme mûre et classieuse mais crue. Certains hommes m'envoient aussi des textes.
M.S. : Vous demandent ils votre âge ?
Ann Aroïs : Non. Et de toutes façons, je garde le mystère sur ce que je suis et qui je suis, d'autant que je fais un métier public...
M.S : Voici une révélation...
Ann Aroïs : Si peu...
M. S. : Pourquoi parlez vous de "boudoir" ?
Ann Aroïs : Parce que j'aime l'idée du "secret". J'aime que ce blog soit un peu mystérieux. Ann Aroïs n'est pas mon vrai nom. J'aime que l'on vienne lire mes textes comme on regarderait une scène érotique par le trou d'une serrure. J'ai envie que mes lecteurs ouvrent la porte de ce blog comme s'ils entraient dans un boudoir pour prendre du plaisir dans des draps froissés. Je souhaite que les mots que j'écris excitent les lecteurs, suscitent le désir. J'aime qu'ils entrent dans un univers qui est le mien. C'est aussi pour cela que j'habille ce blog de photographies anciennes qui laissent entrevoir des corps sans les dévoiler tout à fait, et qui évoquent aussi l'époque des boudoirs. J'aime l'ambiance des maisons closes du XIXe siècle.
M. S. : Comment comprenez vous l'engouement que rencontre votre blog ?
Ann Aroïs : Il est très prétentieux de répondre à cette question... J'espère que c'est parce qu'il est différent. Que l'habillage du blog semble d'une autre époque mais que les textes sont totalement défaits de tabous.
M. S : Vous avez en effet publié des textes très crus. Je pense notamment au "Journal pornographique". Certains de vos derniers textes ont une syntaxe plus poétique, plus courte.
Ann Aroïs : J'aime les deux façons d'écrire.
M.S. : Vous lisez beaucoup de littérature érotique ?
Ann Aroïs : Jamais. Je n'aime pas vraiment ce genre littéraire. Seule Anaïs Nin fait exception à mes yeux. Je n'aime pas l'écriture érotique au sens où on la lit le plus souvent : je n'aime pas les descriptions langoureuses des corps, des ambiances. Cela m'ennuie le plus souvent. J'aime que les mots soient tout de suite ceux du désir, du plaisir. J'aime les mots crus. Je n'aime pas l'érotisme, j'aime la pornographie. J'aime les mots du sexe, mais j'aime les trouver là où on ne les attend pas. J'aime le sexe chez Hervé Guibert, chez Guillaume Dustan, chez Duras aussi, chez Grisélidis Réal.
M. S. : Et chez Choderlos de Laclos ?
Ann Aroïs : Bien sur ! "Les liaisons dangereuses" reste mon livre de chevet. Et le film mon film préféré. J'y aime le secret, le sulfureux, sa forme de perversité, mais sa grande qualité littéraire.
Sans compter que c'est une époque que j'aime beaucoup.
M.S. : Avez vous un rêve secret ?
Ann Aroïs : Enregistrer de façon audio certains textes et les mettre en ligne et enregistrer de façon audio "La correspondance érotique" entre Jacob et moi.
M.S : Et une publication "traditionnelle" ?...
Ann Aroïs : L'année prochaine peut être...
M.S. A suivre alors...
Le 25 mai 2012.
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