Sunday, April 29, 2012
La seule chose qui compte (texte de Ann Aroïs)
Saturday, April 14, 2012
Inviter les hommes dans mon boudoir
Il y aurait une écriture du non-écrit. Un jour ça arrivera. Une écriture brève, sans grammaire, une écriture de mots seuls. Des mots sans grammaire de soutien. Égarés. Là, écrits. Et quittés aussitôt.
Marguerite Duras
« L’homme jouit du bonheur qu’il ressent, et la femme de celui qu’elle procure. Le plaisir de l’un est de satisfaire des désirs, celui de l’autre est surtout de les faire naître. »
Il m’a souvent été demandé pourquoi j’écrivais et pourquoi je ne publiais pas. Attendu que la publication ne se fait pas par simple volonté personnelle, j’ai toujours répondu de la même façon à ces deux questions. Je ne cherche pas à être publiée pour garder le secret de mon boudoir. Cet espace où j’écris et où je publie mes textes pour les seuls lecteurs qui passent ici et qui ont envie de s’attarder est un lieu dont j’aime la lumière tamisée. J’écris des mots et des phrases qui m’excitent et me donnent envie de jouir mais j’écris des mots et des phrases pour exciter ceux qui me lisent, leur donner envie de jouir.
Cet échange avec eux est une relation secrète intime.
J’invite des hommes dans mon boudoir pour susciter leur désir.
Je ne connais pas mes lecteurs. Mes lecteurs ne me connaissent pas. J’invite des hommes dans mon boudoir des mots. Je dis des hommes car je ne sais pas si des femmes me lisent. Des hommes me lisent. M’écrivent aussi. Comme les images qui habillent cet espace, je ne découvre rien ou peu, mais je veux que les mots soient crus, soient ceux du sexe et du plaisir.
Des mots posés là, comme des gouttes de sperme sur la peau, des phrases qui glissent comme des doigts entre des lèvres humides. Des horizons qui s’ouvrent comme des lèvres qui appellent à jouir.
J’invite des hommes à jouir avec moi par l’intermédiaire des mots.
J’ai envie de montrer aux hommes une intimité de femme comme si chacun d’eux regardaient par le trou d’une serrure une femme jouir en secret. Derrière les corsets et les dentelles des images se font et se défont des cris de plaisir.
J’aime imaginer qu’un homme bande en lisant mes textes.
J’invite des hommes à me lire pour qu’ils bandent avec mes mots.
Je suis la pute des mots de la côte normande.