Wednesday, November 14, 2007

Les hommes au téléphone 10/18

Ce fut le commencement de trois mois d’une relation intense via le téléphone.

Il m'appelait entre deux consultations de patients, entre deux visites. A cette époque, nous n'avions ni l'un ni l'autre de téléphone portable. Je l'appelais d'une cabine téléphonique lorsque je n'étais pas seule chez moi. D'une autre cabine avant d'entrer le matin à mon bureau parisien où je n'étais jamais seule. Aujourd'hui encore, la vision de cette cabine téléphonique me rend nostalgique de cette relation. Il profitait d'un moment de calme où ses enfants jouaient dans le jardin, où sa femme était occupée à l'étage pour m'appeler. Il ne cessait de me répéter que je lui manquais, qu'il avait besoin d'entendre ma voix. Les moments de sexe au téléphone où nous jouissions ensemble étaient de véritables moments d'intimité. Dans mon bureau rouennais où j'étais seule, je frémissais à chaque appel. Je me souviens avoir joui avec lui à l'autre bout du fil, jambes écartées sur le bureau, lui assis derrière son bureau pendant que ses patients attendaient dans la salle d'attente.

Je partis quelques jours en Bretagne avec mari, filleule et famille. Je me souviens de petits matins dans le brouillard de la Rance, à Saint-Suliac, au téléphone avec lui, pendant que tout le monde dormait encore.

Il m'envoyait de longues lettres enflammées, que je garde encore. Elles commençaient toutes par "Mon Amour". Le courrier transitait par nos bureaux avec des mentions « confidentiel » sur les enveloppes. Il m'envoya une bague. Une bague que je conserve toujours. Même si nous échangions des photographies, c'est la voix qui était présente dans nos pensées mutuelles. Nous décidâmes de nous rencontrer. Le prétexte fut trouvé, préparé. Je me rendis à Bordeaux. Je vis le bureau d'où il m'appelait. C'était étrange de pouvoir toucher tout ce qui était jusque là décor et corps imaginaires. Nous fîmes l'amour sur le bureau de ce cabinet médical que j'avais tant dessiné dans mon esprit. Nous passâmes le reste de notre temps dans la chambre d'un grand hôtel à Bordeaux. J'ai retrouvé à mon oreille le son de son soupir quand il a joui. J'ai retrouvé le son de sa voix, blottie contre lui. Nous nous sommes rencontrés à nouveau un week-end, quelques semaines après.

No comments: