Wednesday, April 14, 2010

Ann Aroïs revient avec un nouveau texte


Prélude en blanc



Regarder ses yeux quand il me regarde. Ne pas lui laisser voir que je le regarde aussi.
Parler pendant qu’il me regarde. Mais regarder ses yeux. Retenir la couleur de ses yeux.
Regarder sa bouche pendant qu’il parle. Retenir la forme de ses lèvres.
Imaginer mes lèvres sur les siennes. Imaginer le goût de ses lèvres.
Ecouter ses paroles pour ne pas lui laisser voir que c’est sa bouche que je bois.
Regarder sa main qui écrit. L’écouter me dire ce qu’il écrit.
Mais ne retenir que la forme de ses mains.
Regarder ses doigts.
Lire les pores de sa peau pendant qu’il écrit les mots.
Imaginer la douceur de ses mains.
Laisser le silence de la fin.
Lui serrer la main. Ne retenir que sa peau.
Dire les derniers mots avec douceur comme on laisse l’odeur d’un parfum.
Laisser le vide entre nos deux corps être le seul rapprochement.
Le savoir mais laisser faire. Retenir en soi les sensations qui s’échapperont.
Laisser entrer en soi l’imaginaire comme on laisse couler en soi le son d’un prélude de Bach.


Prélude en C mineur BWV 847 de Bach par Glenn Gould... à écouter...




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